C’est comment la Corée ? Du haut de ses 17 ans, Marc partage son immersion courte et intense durant un voyage scolaire au Japon et en Corée.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de participer à ce voyage en Corée ?
Tout d’abord, « l’exotisme » de la destination m’a intéressé car lors de ce séjour, on partait à la découverte d’une autre culture totalement différente de celles qu’on connait en Occident. Après un précédent voyage en Russie, je pense que l’Asie était une nouvelle étape dans le dépaysement mais pas seulement. Etant passionné par les nouvelles technologies, partir à la découverte d’un nouvel Eldorado de la robotique et de l’informatique de pointe était une chance que je ne pouvais pas laisser passer.
Quel était l’objectif de ce voyage en Corée du Sud ?
Durant un peu plus d’une semaine, l’objectif affiché était de redécouvrir le programme lycéen de géographie d’une autre manière. Car derrière de « simples visites », on peut parler de mondialisation, de développement et d’inégalités entre les territoires. Ce genre de voyage rend vivant un programme et des photos qui ne nous inspirent pas forcément. C’est ce type de voyage qui inspire devant notre copie de Bac et non pas les quelques photos et textes qu’on a pu étudier en classe. Il n’y eu pas de préparation particulière mise à part quelques réunions d’informations car le voyage était ouvert à tous les lycéens (pour une quarantaine de places).
Que savais-tu de la Corée du Sud avant d’y aller ?
Je connaissais la Corée surtout grâce au livre d’Histoire et aux reportages qui nous racontent l’Histoire d’un pays brisé par la Guerre Froide, qui s’est reconstruit grâce à une politique ambitieuse tournée vers les nouvelles technologies. De plus, je connaissais certains points de la culture coréenne qui font beaucoup parler sur internet : la K-pop mais surtout l’eSport qui est implanté dans la culture coréenne depuis plus de 10 ans alors qu’il commence à peine à émerger en Occident. J’avais donc une connaissance très limité du pays mais c’est ça qui me plaisait : partir à l’inconnu.
Quelle est ton impression générale du pays quand tu le découvres ? Et avec le recul de quelques mois ?
Dès ma première visite, le choc des cultures a eu lieu : on prend bien sûr la belle photo du palais royal mais ce que l’on ne voit pas, c’est ce qui est derrière nous. A une centaine de mètres trônent de beaux immeubles qui n’ont rien de traditionnel. Sur le moment, mes yeux de voyageur sont meurtris par la vision du développement qui pourrait abîmer le magnifique temple traditionnel. Mais après réflexion et discussions, on voit que cet endroit représente bien la Corée. Un pays qui voit le développement comme une aubaine et non comme une tâche qui souille un patrimoine.
Quel était votre programme sur place en Corée du Sud ?
Le programme était extrêmement bien fait car on y ressentait la dualité d’un pays qui cultive le neuf et le traditionnel : entre les quartiers historiques et la tour dans laquelle Samsung nous expose notre futur (la Samsung D’light), entre le village paisible qui borde Séoul et Gangnam, entre l’Histoire du royaume coréen et celle de la Corée du Sud, etc.
Nous avions un rythme de visite dense pour ne perdre aucune minute de notre passage au pays du Matin Calme : de 9 h à 23 h ! Je ne saurais citer toutes les visites tant elles sont nombreuses et j’écorcherais chacun des noms !
Quelle visite a été la plus marquante pour toi et pourquoi ?
La visite la plus marquante est sans aucun doute celle de la DMZ (Zone démilitarisée) : inédite et inoubliable avant d’y aller, troublante et apaisante lorsqu’on en part. Je vais tenter de vous en retracer les grandes lignes. Après plusieurs dizaines de kilomètres en car, on y arrive… Grillages, barbelés et militaires nous accueillent et après un rapide contrôle, nous entrons. Il reste encore deux kilomètres avant d’arriver à la fameuse frontière.
Comme vous pouvez le deviner, le nom de zone démilitarisée n’est pas le plus représentatif car on est plus proche d’un front que d’une frontière européenne. On traverse des villages maintenant inhabités et un détail me frappe : je remarque un stade de foot mais ce lieu de vie et de jeu est devenu un parking pour des chars d’assaut. Ce type de détail nous plonge dans une atmosphère troublante et qui laisse tout le bus à ses pensées. Lorsque nous arrivons au bout de la route un grand bâtiment militaire nous attend et juste à sa gauche un balcon duquel on peut observer la dite frontière. On voit des arbres, quelques chars et le silence.
Un bruit rythme notre découverte : les pièces insérées dans les jumelles pour observer la Corée du Nord de plus près. Je n’ai jamais apprécié observer Paris à travers ces lunettes, mais là, je n’ai pas pu résister. On voit d’un côté quelques maisons ; d’un autre quelque chose qui ressemble à un pont, et tiens ! Voilà la silhouette d’un nord-coréen. Nos sentiments sont très confus, à ce moment-ci, entre pitié et incompréhension.
Ensuite, la visite continue. On nous mène dans une salle dans laquelle est projetée une vidéo qui se révèle être en quelque sorte de la propagande et qui montre bien que même du côté de la Corée du Sud les compromis ne sont pas une solution. Bref, la résolution du problème est encore loin.
Enfin, dernière partie de la visite, les tunnels : je n’aurais jamais soupçonné leur existence mais oui les Nord-Coréens construisent des tunnels à un peu moins de 100 m de profondeur pour relier leur pays jusqu’à Séoul pour une potentielle attaque. On a même découvert un tunnel qui mesurait jusqu’à 170 km de long ! On nous propose d’aller à l’intérieur de l’un d’entre eux. Tout d’abord, on nous équipe d’un casque. Un Européen pensera que c’est pour prévenir d’une chute de pierre, et bien non ! C’est juste que nous avions oublié que la taille moyenne d’un Coréen est de 1,65 m et donc que les tunnels respectent ces dimensions. La majorité des Européens auront donc le plaisir de se cogner la tête un nombre incalculable de fois.
Après une longue descente, on comprend que la remontée sera douloureuse mais notre curiosité de savoir ce qui se cache au bout du tunnel nous le fait très vite oublier. On arrive à une porte : si on franchit celle-ci, on peut s’aventurer en Corée du Nord. Je ne sais pas si quelqu’un nous en empêcherait, mais sans surprise, personne n’est tenté. Enfin, on remonte non sans peine. On arrive au car, des pensées plein la tête, car c’est une visite qui ne laisse personne indifférent.
Tu as fait des découvertes culinaires durant ton séjour. Quels sont les plats coréens que tu as goûtés ?
J’adore manger de nouvelles choses et là je n’ai pas été déçu. On mange bien et pour pas très cher. Il faut dire qu’à chaque fois que l’on commande, on nous sert au moins en apéritif des kimchis et un autre aliment dont je n’ai jamais connu la composition !
Parfois on nous sert aussi une soupe ; à ce propos, il faut savoir qu’il n’y a pas d’ordre à respecter dans le repas : car comme un « bon Français » que je suis, je commence par la soupe pour ensuite attaquer le plat. Mais quelques minutes après, on m’en apporte un nouveau bol bien rempli. Coincé par l’incompréhension de la langue et des traditions,j’accepte et j’engloutis ce nouveau bol et c’est au troisième bol que j’ai compris que je devrais plutôt boire cette soupe petit à petit !
Enfin, la nourriture coréenne compte beaucoup de viandes parfois grillées ou panées. Le seul « inconvénient » est que la nourriture est très épicée et je conseillerais de commencer par prendre un plat dit « non pimenté » car même ces plats-là sont parfois bien piquants. Je n’ai jamais trop compris ce que je mangeais ni comment le manger mais au final je sais manger avec des baguettes et j’ai toujours apprécié ce que je mangeais… Que pourrais-je demander de plus ?
Où dormiez-vous en Corée du Sud ?
Nous dormions dans une auberge de jeunesse placée à quelques minutes de marche du parlement coréen. Elle paraissait plutôt habituée aux touristes occidentaux. Un signe qui ne trompe pas : ils avaient des fourchettes !
As-tu une anecdote dont tu voudrais nous faire part sur ce séjour en Corée du Sud ?
Oui, c’est à propos de Samsung ; on voit cette entreprise comme un géant du numérique mondial mais on ne peut se douter de la place qu’elle occupe en Corée du Sud. En effet, elle y possède des laboratoires de recherche, des usines qui produisent des téléphones mais également de l’automobile (les usines Samsung Motors qui sont en réalité Renault) et même des part dans le Bâtiment. Samsung est donc omniprésente dans le pays ce qui apporte un bon lot de détracteurs : on a notamment croisé des manifestants qui se plaignaient du comportement de l’entreprise vis-à-vis des nombreux anciens employés qui souffrent de cancers (notamment au niveau du cerveau). Samsung essaye notamment d’étouffer les affaires. Lors de ce voyage, j’ai quasiment eu l’impression que Samsung était plus présent et important dans le pays que l’état lui-même !